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Marché de l’IoT en France : tous les chiffres

Quel est le nombre d’objets connectés en France ?

A l’échelle mondiale, il y avait 12,3 milliards d’objets connectés fin 2021, selon le cabinet d’études de marché américain IoT Analytics. En connaître la part en France n’est pas une mince affaire. « Il n’y a pas de chiffre pour la France pour la simple raison que personne ne s’accorde sur la définition exacte d’objet connecté », analyse Aymeric Buthion, en charge du marketing et de l’animation territoriale au sein du groupe Caisse des Dépôts, qui a travaillé sur un rapport portant sur les réseaux IoT en zone peu dense.

L’IoT se pense davantage par segment d’activité. L’industrie, les utilities et la smart home sont les trois principaux marchés en France.

Les compteurs communicants sont considérés comme l’objet connecté le plus déployé, puisque près de 60 millions d’appareils sont installés en France en 2021. L’électricité se digitalise le plus vite avec 35 millions de compteurs Linky posés. « Sur les 25 millions de branchements de compteurs d’eau individuels en France, 60% sont communicants. Il s’en pose 1,5 million par an sur le marché français », précise Arnaud Heteau, directeur de publication du site monreseaudeau.fr.

La maintenance prédictive et l’asset tracking sont les deux applications les plus importantes dans l’IoT en France. Selon une étude OnePoll réalisée en février 2021 pour le fabricant allemand reichelt elektronik, 75% des décideurs français interrogés dans la tech ont recours à de la maintenance prédictive pour leur production et 44% de ceux qui n’utilisent pas la technologie prévoient de l’implémenter courant 2022.

Quels sont les réseaux les plus utilisés ?

Le choix du réseau IoT dépend de l’usage voulu. Ainsi, « il n’est pas nécessaire de connecter une VMC en Wifi, qui offre une large bande-passante, quand son usage basse consommation peut se faire en Zigbee », souligne Patrizio Piasentin, sales manager chez Silicon Labs (lire notre fiche Réseau IoT : quel protocole choisir pour ses objets connectés ?).

Selon l’étude IoT Radar Market du cabinet de conseil BearingPoint, les réseaux LPWAN sont les plus utilisés en France en 2021, ils sont partie prenante de 60% des projets, suivis à 28% par les réseaux cellulaires. Mais la tendance est à la multi-connectivité, qui gagne deux points en 2021 par rapport à 2020, passant à 47% des projets. Selon une étude du JDN réalisée en 2022 pour la galaxie IoT, les acteurs français de l’IoT proposent en moyenne à leurs clients huit réseaux de communication différents, la palme revenant au fabricant Schneider Electric, qui peut faire communiquer ses appareils avec 22 protocoles distincts.

Pour la majorité des acteurs interrogés, le NB-IoT et la 5G vont développer davantage les applications IoT. « Il y a une attente de structuration du marché avec la 5G », assure Aymeric Buthion, de la Caisse des Dépôts. Une attente confirmée par la troisième édition de l’étude Révélations IoT 360, dévoilée ce 29 juin au salon IoT World.

Comment se répartissent les plateformes IoT ?

Sur la centaine de projets français analysés en 2022, la moitié disposent de leur propre plateforme IoT. © Media dell’Arte

Pour stocker et analyser les données remontées par les objets connectés, il est nécessaire de se doter d’une plateforme IoT. Plus de 620 plateformes existeraient dans le secteur, selon IoT Report. Quelles sont les plus populaires sur le marché français ? « La réponse à cette question est très compliquée car la pénétration varie en fonction des couches logicielles. Une plateforme est un agrégat de plusieurs couches. Ainsi, sur la partie PaaS, Microsoft Azur et AWS dominent tandis que sur la sécurité, Thalès fournit la plateforme la plus répandue. Au final, les plateformes ne sont pas comparables entre elles car elles apportent des fonctions différentes, du device management à la sécurité, en passant par les applications analytiques », explique Ouassim Driouchi, senior manager chez Bearing Point. Sans oublier que la majorité des entreprises élaborent leur propre plateforme IoT, indique l’étude Révélations IoT 360 menée en 2022.

Quelle est la répartition des acteurs dans l’IoT ?

Pour aiguiller les utilisateurs finaux qui cherchent des partenaires en fonction de leurs besoins, le JDN a réalisé une infographie interactive de l’écosystème IoT en France en 2022. Après deux mois d’enquête, menée entre mars et mai 2022, le JDN a donc obtenu 507 retours. Dans l’animation ci-dessous, vous pouvez consulter les usages et les réseaux de communication utilisés par chacun des acteurs recensés, ou, dans une démarche inverse, trouver les entreprises en fonction de ces deux critères. Vous pouvez également voir en un coup d’œil quels sont les usages et les réseaux les plus répandus.

Galaxie IOT

Quelles formations pour l’IoT ?

Que ce soit auprès d’éditeurs comme Cartesiam, d’institutions comme la Caisse des dépôts ou de cabinets de recrutement comme Silkhom, le constat est le même : les entreprises manquent de compétences dans l’IoT. « Les entreprises recherchent des profils spécialisés data et web service car un certain nombre d’entre elles développent des plateformes Saas. Les candidats doivent également avoir des compétences en radio fréquence et en électronique. Mais le sujet qui gagne en importance est celui de la sécurité », commente Thibaut Kowalski, spécialiste IoT au sein du cabinet de recrutement Easy Partner. De plus en plus de formations voient ainsi le jour. Voici la liste des formations repérées par le JDN, en partenariat avec le comité de travail 3 du think tank GR-IoT :

Où en sont les industriels dans leur projet IoT ?

Media dell’Arte a réalisé une étude sur les projets IoT en France, présentée au salon IoT World en juin 2022, révélant que la plupart des initiatives en sont encore au stade du POC, malgré une volonté de passer à l’échelle.

La crise sanitaire du coronavirus puis la pénurie de composants ont marqué un frein aux déploiements des projets, de nombreuses entreprises choisissant de recentrer leurs investissements sur leurs priorités. 

Conséquence : la France accuse un retard dans l’adoption de l’IoT, selon les données d’Eurostat, présentées par Statista. Avec 22% des entreprises utilisant des objets connectés en 2021, la France fait moins bien que la moyenne de l’UE (29%).

Focus sur la sécurité

La sécurité est l’un des sujets phares de l’IoT. Elle concerne deux volets : 

  • Le marché de la sécurité : les professionnels tout comme le grand public sont friands de caméras connectées pour surveiller leurs biens. En France, selon Statista, le revenu du marché de la sécurité est passé de 92 à 156 millions d’euros entre 2017 en 2020 et devrait atteindre 378 millions d’euros en 2025.
  • La sécurisation des équipements : l’objet connecté le plus piraté est la caméra. Digital Security, le CERT dédié à la sécurité des objets connectés, rappelle que lors de sa toute première attaque en 2016, le botnet Mirai a affecté plus de 168 118 caméras connectées en France. En cause, les caméras connectées les plus répandues sont généralement peu chères, avec des mots de passe par défaut non mis à jour et donc peu sécurisés. « Ce sont des équipements avec une bonne bande passante, ce qui les rend intéressants pour les attaques par déni de service », explique thomas, Gayet, directeur de Digital Security. « Les caméras ne sont plus des appareils avec seulement un flux d’images sortant mais comprennent aussi des commandes entrantes. Il faut les considérer comme des ordinateurs », ajoute de son côté Stéphane Reytan, directeur général de BlueTrusty, l’entité cybersécurité d’ITS Group.  

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